Poésies-Prières
Isis
Isis
Grande mère originelle
Immanente matrice maternelle
Permanente attraction lunaire
Divine déesse funéraire
Femme, sœur et mère
Stella maris, étoile de la mer
Tu es la vie, le lit, le trône
Sept scorpions te couronnent
Source serpentine des magiciennes
Tour à tour Déesse, oiselle ou humaine
Tu es tout ce qui a été
Qui est et qui sera à jamais
Ton voile, aucun mortel ne l’a encore soulevé
Le soleil est le fruit que tu as engendré
Déesse aux mille noms et aux cent mille espoirs
D’abord Isis Miryonima puis vierges noires
Débaptisée dans l’ombre des catacombes
Tu renais toujours par delà l’oubli de la tombe
Porte ma vie, réapprends-moi les mystères d’Eleusis
Restaure ta flamme initiatique du Nil à Saïs
Dévoile-nous le delta humide, source de toute vie
Sous ton chiton bruisse le reflux de la femme trahie
Ton peplos toujours éclipse les promesses du matin
Retrouve la lumière de ma foi en toi et en demain
la tolèrance
La tolérance
C'est une chose qui ne se négocie pas
Une valeur que nous ne pouvons renier :c’est une chance ;
Celle de trouver au fond de soi la porte donnant sur son aura
Celle d’apprendre qu’aimer c’est pleurer quand on s’incline
Sans cesser d’être païen et debout, gagnant ainsi en humanité
La tolérance, c’est reconnecter son étincelle divine
C’est un combat permanent, quotidien, pour la vérité
Une force qui se tisse au fond de l’incompréhension
La défense de notre droit inaliénable à la différence
La tolérance, c’est s’indigner contre toute exclusion,
C’est comprendre que nous portons tous nos circonstances
C’est faire entendre sa voix dans le désert de la désillusion,
C’est accéder au discernement de ce qui est juste et vrai,
C’est aimer son prochain pour ce qu’il est, non ce qu’il représente
C’est renier tout ce qui se consumera sur le bûcher de nos vanités
Etre tolérant, c’est accepter la beauté et la complexité du monde,
C’est attribuer à soi-même la plus haute des récompenses
C’est laisser les Dieux et les Déesses rythmer notre ronde,
C’est badigeonner notre être de lumière au miel de la tempérance
Etre tolérant, c’est grandir par delà notre propre histoire,
C’est rester fort, debout et vrai à la face du monde,
C’est trouver chaque jour des raisons supplémentaires de croire
C’est, sur notre voie sacerdotale, la seule et unique voie d’accès,
C’est égoïstement se donner un nouvel élan, un nouvel espoir
Et savoir que nous pourrons être la sorcière ou le métèque
Qui demain, au nom de sa race ou de sa foi, sera crucifié, brulé, lapidé.
C’est enfin œuvrer à enlever de nos têtes toutes ces chimères,
Erigées au nom des communautarismes et des croyances
Je suis tolérant car païen et allaité au lait sacré des Déesses
Je suis tolérant car je refuse de céder à la peur de l’étranger,
Lion de m’aliéner, il me prodiguera demain ses richesses
Je suis tolérant car tous les païens l’étaient de loin ou de prés
Je suis tolérant car je suis poussière d’étoile emplie d’ivresse,
Naviguant au gré des vents sur notre océan d’humanité
Minerva
DEAE MINERVAE
Minerve, viens à moi en paix depuis ton aire par delà les limbes du refoulé.
Ma trajectoire rejoint de nouveau ta vibrante aura toujours vivante de virginité.
Dans l’Air qui souffle, daignes te manifester, toi la digne enfant de la pensée.
Tu es fille de Métis et de l’Un ; jaillissante cuirassée de la rouge douleur des plaies
Guérisseuse, magistère, stratège, guerrière ; sois gardienne des pierres de mon foyer.
Minerve, donne moi ce jour ton appui et accueille avec bienveillance mes rites ;
Que ta sagesse m’irradie, toi la lunaire qui mesure la futilité de mes fuites.
Tu es louée et fêtée par les sentinelles, les artisans, les médecins et les enseignants
Depuis l’Avantin, Acqua Sextia et jusqu’à la Creuse, partout où résidaient les vaillants.
Porteuse de l’olivier, fièrement casquée ; armée de ton bouclier, et de ta lance ;
Tu demeures imprégnée de sagesse, amante alanguie des sciences et des arts
Que ton regard suive avec bienveillance mon souffle de vie jusqu’à mon départ
Puisses ta compagne la chouette effraie éclairer de sa sapience mon chemin
Minerve, accorde-moi la foi et le courage pour affronter les ombres de demain
Que les ailes de la victoire me portent vers l’accomplissement de mon destin
Que tes sarments nourrissent le feu de l’infinie sagesse déversée en mon âme.
Je te vénère fille de vérité, sœur de la chouette, toi l’intelligence faite femme
Daignes répondre à mon appel et mes prières ; que de ta lance s’abaisse-la pointe
Pour que justes soient mes actes, pures mes intentions et honorées mes empreintes
Minerve, que la compréhension du monde me soit accordée au diapason de l’équilibre
Que les larmes du chaos me soient douces et me gardent à jamais debout et libre
Qu’il me soit accordé de ne pas me trahir afin de devenir qui je suis, ni plus mais ni moins
Qu’il me soit donné de savoir toujours à propos caresser le vent comme lever le poing
Donnes moi l’indignation et la compassion, l’insoumission et la faconde
Afin que je puisse, debout, en ton nom interposer la vérité à l’aveugle marche du monde
Cuculina
Cuculina
Tu avances vers moi, violente, perdue
Tu erres de masques en masques, de rêves en rêves
Tu dévastes, tu te donnes, tu résonnes
Tu es fausse, tu es vraie, orage qui tonne
Tu te cherches, te leurres, t’explore
Tu te baignes de lune, t’ébroue à l’aurore
Je me perds dans le musc de tes épices
Je suis enfin moi au creux de tes délices
Je bois le vert de tes paupières, la soie de tes lèvres
Je sais ta souffrance, tes défaites amères
J’habite les courbes de ton profil de Déesse grecque
Je vibre à tes sourires ; aux flux et reflux de tes affects
Nous sommes liés depuis la nuit des temps
Nous sommes parents, frères, sœurs, amants
Nous chantons notre vérité, debout, face au monde
Nous nous aimons, dansant la liberté de notre ronde
Nous éclairons le chemin, main dans la main
Nous sommes fiers, magiques, unis, sans tain
Orphic Hymn to Earth (translated by Athanassakis and Wolkow)
Divine Earth, mother of men
and of the blessed gods,
you nourish all, you give all,
you bring all to fruition, you destroy all.
When the season is fair, you teem
with fruit and growing blossoms,
O multi-formed maiden,
seat of the immortal cosmos,
in the pains of labor
you bring forth all fruit.
Eternal, revered
deep-bosomed and blessed,
your joy is the sweet breath of grass,
O goddess bedecked with flowers,
yours is the joy of the rain, the intricate realm of the stars
revolves in endless and awesome flow.
O blessed goddess,
may you multiply the delicious fruits,
and may you and the beautiful Seasons grant me kindly favor.