paratge é drudaria païens

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Notre Dame Isis, la déesse-mère alchimique secrète

Notre Dame Isis, la déesse-mère alchimique secrète     article tiré du site http://matricien.org

 

Isis est une reine mythique et la déesse-mère de l’Égypte antique. Elle est représentée, le plus communément, comme une jeune femme affublée d’un trône au-dessus de la tête ou, à la ressemblance d’Hathor, coiffée d’une perruque surmontée par un disque solaire inséré entre deux cornes de bovidé. Isis est l’une des déesses les plus populaire du panthéon égyptien. Le culte d’Isis est actif tout au long de l’histoire de l’Égypte antique et ne s’éteint qu’au cours des ve et vie siècles.

Malgré la disparition du culte d’Isis en Égypte et en Europe, balayé par la croyance en Jésus-Christ (un autre culte oriental), la déesse égyptienne est restée dans la mémoire des lettrés et érudits européens en tant qu’objet de curiosité intellectuelle, artistique et savante. Face à la montée du christianisme, le culte d’Isis périclite puis disparaît au tournant des ve et vie siècles de notre ère. Toutefois, le souvenir d’Isis ne disparaît pas car entretenu par la scolastique monacale et universitaire.

Au cours du Moyen Âge tardif, Isis devient un objet de curiosité de la part des érudits laïcs. Ce phénomène s’accentue durant la Renaissance. L’aspect d’Isis est confondu avec celui de l’Artémis multimammia d’Éphèse. Au cours du Siècle des Lumières, certains philosophes francs-maçons épris d’égyptomanie portent leurs intérêts sur les Mystères d’Isis et tentent de les réinventer dans le cadre des rituels de leurs Loges initiatiques. Les artistes et les poètes ont, quant à eux, sans cesse spéculé autour de l’image de la déesse voilée et fait d’Isis le symbole des lois cachées de la Nature. Depuis les années 1950, aux États-Unis surtout, Isis est particulièrement vénérée auprès des convents kémitistes de la Wicca qui lui adressent un culte païen moderne en tant que grande déesse originelle, maternelle et lunaire.

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Rusée et grande magicienne, Isis est la sœur et l’épouse du roi Osiris, un être divin dont le règne généreux et civilisateur fut placé sous le signe de l’harmonie cosmique. Plutarque rapporte qu’Osiris enseigna à son peuple les manières civilisées (mariage ?) afin que les hommes ne ressemblent plus à des bêtes sauvages (patriarcat ?). Il leur enseigna l’agriculture ainsi que le respect des dieux et des lois (patriarcales ?). Horus fils d’Isis et vengeur d’Osiris assassiné par Seth, réussit à se faire reconnaître comme le successeur légitime de son père, devenant par là, le prototype idéal du pharaon.

Dans la société égyptienne, le statut de la femme est très élevé. Or universellement, plus le statut de la femme est élevé, plus la filiation est maternelle et non paternelle, plus le rôle de l’oncle maternel prime sur celui du père, et moins le mariage n’a d’importance. La transmission se fait de mère en fille, et d’oncle à neveux maternel, et non de père en fils. Ainsi, cette coutume matrilinéaire est encore vivace en Afrique, et l’était bien d’avantage du temps des pharaons : le souverain règne avec sa mère et sa sœur, et lègue son trône à son neveu maternel sans en être le géniteur. Pourquoi la société égyptienne ferait exception ? Osiris étant le frère d’Isis, et l’oncle maternel d’Horus, est-il réellement l’amant de la première, et le père du deuxième ?

Dès les Textes des Pyramides de l’Ancien Empire égyptien, il serait attesté que le dieu faucon Horus est le fils du couple que forment Osiris et Isis. Dans les pyramides à textes, ces écrits sont gravés en colonnes sur les murs des corridors, des antichambres et des chambres funéraires. Les chapitres 366 et 593 des Textes des Pyramides, très proches dans leur rédaction, relatent la naissance et la conception d’Horus. Il y apparaît que ses parents seraient Osiris et Isis.

La traduction est-elle fiable ? Cet unique texte est-il authentique ? Une version antérieure a-t-elle existé ?

« Ta sœur Isis est venue à toi, heureuse de ton amour. Après que tu l’as placée sur ton phallus, ta semence a jailli en elle »  — Textes des Pyramides. Chap. 366.

On retrouve à travers les croyances égyptiennes des éléments démontrant la place importante qu’occupaient les femmes dans la société. Ainsi, la triade principale n’est pas composée du père, du fils et du Saint-Esprit comme dans le catholicisme, mais :

  • de la mère (Isis, Déesse mère dont l’influence et l’amour règne partout, Déesse du blé et à l’origine de sa culture),

  • du frère (Osiris, Dieu de l’agriculture et de la fertilité),

  • et du fils (Horus).

Isis est la lointaine héritière de la Grande Déesse préhistorique. Si ses pouvoirs sont identiques, protection et fertilité, son apparence est radicalement transformée. La jeune beauté aux seins fermes a pris la place de la mère originelle aux seins lourds et au ventre déformé par les accouchements. Au premier siècle de l’empire romain, le culte de la belle déesse africaine s’étend à l’ensemble du bassin méditerranéen, remontant jusqu’au nord de la Gaule. En bien des cités, les temples d’Isis attiraient plus de fidèles que ceux des divinités gréco-latines. Dans les premiers siècles du christianisme la figure d’Isis allaitant Horus, Isis lactans en latin, servit de base au culte de la vierge Marie.

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La rencontre des cultures grecques et égyptiennes durant la période ptolémaïque a donné naissance aux Mystères d’Isis, un culte de la déesse basé sur des événements festifs publics et sur des cérémoniels plus confidentiels. Ces derniers ne sont accessibles qu’aux individus ayant entrepris un enseignement spirituel inauguré par une initiation aux mythes et symboles de la croyance en Isis durant des épreuves, nocturnes et secrètes, tenues dans l’enceinte des temples isiaques

« À Saïs, la statue assise d’Athéna, qu’ils identifient à Isis, porte cette inscription: « Je suis tout ce qui a été, qui est et qui sera, et mon voile (peplos), aucun mortel ne l’a encore soulevé. »

— Plutarque, Sur Isis et Osiris, 9. Traduction de Pierre Hadot

L’inscription de Saïs est évoquée, une seconde fois, au ve siècle, par le grec Proclus dans son Commentaire du Timée de Platon mais sous une forme différente et plus développée:

« Ce qui est, ce qui sera, ce qui a été, je le suis. Ma tunique (chitôn), personne ne l’a soulevée. Le fruit que j’ai engendré, c’est le soleil. »

— Proclus, Commentaire du Timée de Platon, 21e. Traduction de Pierre Hadot

L’expression « aucun mortel n’a jamais soulevé mon voile » qu’adopte Plutarque prête à confusion. Il est tentant d’imaginer une statue d’Isis, le visage caché sous un châle que l’initié soulève tel un époux le jour des noces lorsque se présente à lui son épouse voilée ; le dévoilement signifiant la découverte des mystères cachés. Cette interprétation est peu crédible, les égyptiens ne voilant pas leurs déesses. Plutarque parle plutôt d’une tunique, le peplos étant un lourd vêtement en laine, tandis que le soulèvement de la robe et le dévoilement du sexe féminin d’Isis (ou des déesses qui lui sont identifiées) est un motif mythique et iconographique attesté en Égypte.

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Isis, la déesse des anciens Égyptiens, la mère des dieux, est venue d’elle-même ; elle est aussi la déesse vierge ; ses temples à Saïs, la ville sainte, portaient cette fière inscription :  »Personne n’a jamais relevé ma robe, le fruit que j’ai enfanté est le Soleil ». L’orgueil de la femme éclate dans ces paroles sacrées ; elle se proclame indépendante de l’homme, elle n’a pas besoin de recourir à sa coopération pour procréer. La Grèce répliquera à cette insolente assertion. Jupiter, le père des dieux, enfantera Minerve sans le secours de la femme, et Minerve, la déesse « qui n’a pas été conçue dans les ténèbres du sein maternel », sera l’ennemie de la suprématie familiale de la femme.

Entre la fin du ive siècle av. J.-C. et la fin du ive siècle ap. J.-C., le culte d’Isis se répand à travers le bassin méditerranéen et un nombre important de sanctuaires lui sont élevés en Grèce et en Italie. En ces nouveaux lieux, les rites égyptiens voués à la déesse sont adaptés à la pensée religieuse gréco-romaine. L’iconographie et le culte d’Isis s’hellénisent, et, par un rapprochement avec la quête de Perséphone par Démeter (Mystères d’Éleusis) se créent les Mystères d’Isis organisés sous la forme d’un cérémonial initiatique, progressif et secret. À partir de la fin du ive siècle av. J.-C., le culte de la déesse Isis est attesté sur le sol grec. À partir de la fin du iie siècle av. J.-C., le culte d’Isis se répand largement en Italie et autour de la méditerranée occidentale.

Durant plus de sept siècles, entre la fin du ive siècle av. J.-C. et la fin du ive siècle ap. J.-C., les cultes d’Isis, de son parèdre Sérapis (forme hellénisé d’Osiris), de leur fils Harpocrate et d’Anubis (le dieu chacal) se sont diffusés hors d’Égypte tout autour du bassin méditerranéen et même au-delà, en Arabie, dans l’Empire kouchan (Inde), en Germanie et en Bretagne. Ce phénomène religieux est l’un des plus remarquable des époques hellénistique et romaine. La déesse Isis est la figure centrale de ce panthéon et de nombreuses cités grecques et romaines lui voueront un culte officiel. Dans la littérature scientifique moderne, cette diffusion de la croyance égyptienne prend les noms de « cultes égyptiens », « cultes alexandrins », « cultes nilotiques » ou « cultes isiaques ».

Dès le ier siècle av. J.-C., le culte d’Isis se répand en dehors de la péninsule italienne vers le reste de l’occident européen par les routes alpines et vers l’Orient grâce aux marins et marchands égyptiens et syriens. En Gaule, en Germanie et en Bretagne, l’implantation du culte d’Isis est la conséquence de la colonisation romaine et la pénétration du culte correspond aux grands axes marchands, principalement la vallée du Rhône, dans celle du Rhin, et dans les provinces danubiennes (Dacie,Pannonie). En Afrique du Nord, la présence de la déesse reste modeste et se cantonne le long des côtes dans la région de Carthage. En Ibérie, sa présence se remarque dans quelques vallées fluviales (Guadiana et Douro).

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« Suivant Tacite (Germ. 9), une partie des Suèves, peuple germanique, sacrifiaient à Isis (déesse égyptienne) ; en fait, on a trouvé des inscriptions où Isis est associée à la ville de Noreia divinisée ; Noreia est aujourd’hui Neumarket en Styrie. Isis, Osiris, Sérapis, Anubis ont eu des autels à Fréjus, à Nîmes, à Arles, à Riez (Basses Alpes), à Parizet (Isère), à Manduel (Gard), à Boulogne (Haute Garonne), à Lyon, à Besançon, à Langres, à Soissons. Isis était honoré à Melun, à Sérapis, à York et à Brougham Castle, mais aussi en Pannonie et aussi dans le Norique ». –  J. Vendyes, Les religions des Celtes, des Germains et des Anciens Slaves, Coll. Mana, tome 3, p. 244.

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La religion gallo-romaine était une fusion des formes religieuses romaine et égyptiennes, ainsi que des culte aux divinités gauloises du polythéisme celtique. Il s’agissait d’une acculturation sélective. Les hasards des découvertes archéologiques n’ont pas encore permis de découvrir les vestiges d’un sanctuaire d’Isis sur le territoire français. La présence de son culte est toutefois attesté par de nombreuses sources épigraphiques (inscriptions sur des stèles ou sur des statues). La Narbonnaise est la région gauloise qui fournit le plus grand nombre de témoignages de ce genre. Les principaux secteurs sont la vallée de la Garonne, les environs de Toulouse (Tolosa), de Narbonne (Colonia Narbo Martius) et la vallée du Rhône depuis le delta et jusqu’aux villes de Lyon (Lugdunum) et Vienne (Colonia Julia Viennensis). La croyance a sans doute été introduite en Gaule par l’entremise des villes côtières fréquentées par des Grecs, des Orientaux hellénisés et des Italiques (Campaniens) pratiquant le commerce maritime.

La présence d’un temple d’Isis est attestée à Nîmes (Nemausus), une ville fondée par Auguste pour des vétérans militaire revenus d’Égypte. Ce fait a été commémoré par des pièces de monnaie frappées d’un crocodile enchaîné à un palmier (ce motif figure sur les armoiries de la ville depuis 1535). Nîmes est aussi connue pour sa confrérie des Anubiaques vouées au culte du chacal Anubis. Les villes de Marseille (Massalia) et Arles (Arelate) disposaient elles aussi de temples d’Isis.

Celui de la cité de Lyon (Lugdunum) se situait probablement sur la colline de Fourvière où une inscription dédiée à Isis Augusta a été découverte sur une statue de Fortuna : La basilique de Notre-Dame de Fourvière domine la ville de Lyon depuis le sommet de la colline de Fourvière, sur l’emplacement de l’ancien Forum de Trajan (Forum vetus, d’où le nom de Fourvière). Depuis cette ville, le culte d’Isis s’est propagé vers les vallées de la Loire, de l’Allier et de la Saône. Des statuettes égyptiennes ou de style égyptisant ont été sporadiquement découvertes sur l’ensemble du territoire gaulois. Tel est le cas à Strasbourg (Argentoratum). Dans cette ville militaire, le culte d’Isis ne semble toutefois pas avoir bénéficié d’un temple, contrairement à Mithra (Mithraeum de Koenigshoffen). À Paris, on peut signaler la découverte en août 1944 d’artefacts égyptiens (fragments de statuettes en céramique, restes de papyrus du Livre des Morts) dans les vestiges d’un bâtiment que l’on pourrait interpréter comme étant une bibliothèque dépendant d’un sanctuaire isiaque (quartier latin, non loin des thermes de Cluny).

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Dès le ve siècle av. J.-C., les deux déesses, Isis et Déméter, ont été assimilée l’une à l’autre dans la pensée grecque. Hérodote affirme ainsi que « dans la ville de Bousiris en l’honneur d’Isis ; il y a un très important sanctuaire d’Isis ; la ville est située au milieu du Delta égyptien ; Isis est celle qu’en langue grecque on appelle Déméter » (Histoire, II).

Même si Isis est adoptée par les peuples gréco-romains, la déesse reste largement perçue comme une divinité étrangère. De nombreuses épithètes signalent son origine égyptienne ; Isis Aigyptia (l’Égyptienne) ; Isis Taposirias d’après l’antique nom de la ville côtière d’Abousir (située à l’ouest d’Alexandrie) ; Isis Memphitis (Memphis) ; Isis Tachnèpsis (Mont Casion près de Péluse). De nombreuses fois, Isis a été assimilée ou confondue avec des déesses grecques dont Aphrodite, Tyché, Déméter, Hygie. En Italie, la déesse prend les aspects de la déesse Fortuna adorée à Préneste, une divinité de l’agriculture, de la fécondité et de l’amour. Ces nombreuses associations font d’Isis la déesse aux dix mille noms Isis Myrionyma:

« Je suis la Nature, mère des choses, maîtresse de tous les éléments, origine et principe des siècles, divinité suprême, reine des Mânes, première entre les habitants du ciel, type uniforme des dieux et des déesses. C’est moi dont la volonté gouverne les voûtes lumineuses du Ciel, les souffles salubres de l’Océan, le silence lugubre des Enfers.

Puissance unique, je suis par l’univers entier adorée sous plusieurs formes, avec des cérémonies diverses, avec mille noms différents. Les Phrygiens, premiers nés sur la terre, m’appellent la Déesse Mére de Pessinonte ; les Athéniens autochtones me nomment Minerve la Cécropienne ; chez les habitants de l’île de Chypre, je suis Vénus de Paphos ; chez les Crétois armés de l’arc, je suis Diane Dictynna ; chez les Siciliens qui parlent trois langues, Proserpine la stygienne ; chez les habitants d’Eleusis, l’antique Cérès. Les uns m’appellent Junon, d’autres Bellone ; ceux-ci Hécate, ceux-là la Déesse de Rhamnonte.

Mais ceux qui les premiers, sont éclairés par les rayons du Soleil naissant, les peuples de l’Ethiopie, de l’Asie et les Egyptiens, puissants par leur antique savoir, ceux-là seuls me rendent mon véritable culte et m’appellent de mon vrai nom : la reine Isis. » Apulée, les Métamorphoses ou l’Ane d’Or, XI, 4

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Durant les quatre premiers siècles de l’ère chrétienne, les figures maternelles d’Isis, mère d’Horus et de Marie, mère de Jésus ont coexisté. Tant en Égypte qu’autour de la Mer Méditerranée, le culte d’Isis est florissant jusqu’au ive siècle et ses figurations sont très répandues. La plus ancienne représentation connue de la mère du Christ serait une peinture de la catacombe de Sainte Priscille à Rome qui pourrait être datée du iie siècle. La Vierge est assise et elle allaite son fils tandis qu’un personnage montre du doigt une étoile située au-dessus de sa tête.

La chrétienté a pris naissance dans le milieu juif où l’interdit des images divines est très fort, « Tu ne te feras point d’image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre » (Exode, 20, 4). Les premiers croyants chrétiens n’ont donc pas disposé d’une tradition picturale monothéiste. Par conséquent, il est fort possible qu’ils aient puisé dans le répertoire polythéiste. Or, l’iconographie d’Isis montre très souvent la déesse assise sur un trône en train d’allaiter le très jeune Horus. L’emprunt aux cultes isiaques est d’autant plus probable que la culture gréco-romaine n’offre pas d’autre modèle de déesse allaitante.

 

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16/07/2015
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