paratge é drudaria païens

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Paganisme européen

Qu’est-ce que le paganisme (européen) ?

 

Définitions et caractéristiques principales.

 

Le terme de paganismus désigne en latin la religion des païens, des pagani, les habitants d’un pagus ou pays, le terme de paganus ayant abouti en français à la fois au terme de « païen » et au terme de « paysan », car à la fin de l’antiquité, la religion ancienne a davantage résisté dans les campagnes que dans les villes où les autorités pouvaient exercer leur pouvoir plus facilement et ainsi persécuter, conformément aux décrets impériaux, les fidèles de la religion des dieux.

« Religion du pays », le paganisme a en effet la caractéristique principale d’être une religion ethnique, populaire, fondée sur l’identité et l’enracinement. Les deux paganismes indo-européens survivants, l’hindouisme et le zoroastrisme, interdisent d’ailleurs aux étrangers, non-indiens ou non-iraniens, la conversion. Ne peut être hindou qu’un indien, y compris un ex-musulman. Ne peut être zoroastrien qu’un iranien. Ce sont donc par définition des religions non prosélytes, même s’il existe une certaine forme d’universalisme au sein du paganisme, à savoir que tous les païens, du moins chez les peuples européens, indo-européens et non indo-européens, honorent globalement les mêmes dieux, mais invoqués sous des termes différents.

La seconde caractéristique du paganisme, c’est son polythéisme, à savoir que c’est une religion fondée sur une pluralité de dieux et de déesses, sans oublier des divinités secondaires, comme les nymphes qui peuplent le monde et le « poétisent ». Pluralité de divinités ne signifie pas infinité, car en réalité il existe entre cinquante et cents divinités différentes dans chaque panthéon et rarement plus. Seul le peuple romain semble avoir disposé d’un peu plus de deux cents divinités.

Dans la conception païenne de l’univers, l’avant-monde ou chaos était représenté par un océan infini duquel émergea un œuf cosmique, ou une goutte d’énergie, duquel naquit le monde ou cosmos, qui donna naissance à une première génération de dieux et à un « homme cosmique ». On retrouve ainsi sous une forme ancienne et poétique la théorie aujourd’hui acceptée par la plupart des scientifiques de création de l’univers à partir d’un « big bang ». Les premiers dieux sacrifient l’homme cosmique, Ymir chez les Scandinaves, Purusha en Inde, généralement représenté comme un géant asexué, et des différents éléments de son corps ils créent le ciel et la terre et entre les deux l’axe cosmique, arbre ou montagne, qui relie l’un à l’autre et soutient la voûte du ciel. Ils créent également les océans, les montagnes, les forêts, le soleil et la lune, et tous les éléments que nous connaissons, puis peuplent ce monde nouveau des végétaux et des animaux, et d’une descendance divine bien particulière, les hommes, qui ont la forme des dieux mais sont mortels, à la différence des premiers caractérisés par l’immortalité et l’éternelle jeunesse. Au ciel se trouve le royaume des dieux, l’Asgard scandinave, l’Olympe grec ou le Svarga indien, et sur terre est le royaume des hommes, le Midgard scandinave.

Mais ce monde n’est pas en paix et les dieux qui en sont les garants doivent combattre les forces du chaos qui ont survécu à sa ruine, et notamment le grand serpent ou dragon , et les géants. Dans la mythologie grecque, les géants ont été exterminés par les dieux lors d’une guerre sans merci, alors que dans la mythologie scandinave, le combat continue encore.

La première génération divine se réduit généralement à un couple divin formé par le dieu du ciel, *Dyeuspater chez les Indo-Européens, Ortzi chez les Basques, Diala chez les Ingouches/Tchétchènes ou encore Tanri chez les Turcs, et par la déesse de la terre, *Dhgho[m]mater. La seconde génération est formée des enfants, mâles et femelles, du couple ciel-père/terre-mère, et qui sont appelés chez les Indo-Européens, portant ainsi le patronyme de leur géniteur, les « fils de Dyeus », les *deywôs ou dieux. Ainsi, au sein du polythéisme européen notamment, il existe un dieu suprême, lié au ciel et à la lumière, un roi des dieux, au-dessus des autres divinités. Parmi les divinités les plus populaires se trouve systématiquement le dieu de l’orage, premier né de ce couple, et qu’on retrouve sous les traits du *Maworts indo-européen, du Burhan turc, du dieu ingouche/tchétchène Seli ou encore du dieu basque Orko, et son épouse la déesse de l’aurore, *Ausos chez les Indo-Européens. A la fonction orageuse est généralement associée la fonction guerrière, de même qu’à la fonction aurorale est généralement associée la fonction amoureuse. Sous sa forme classique, le couple Mars/Venus est une assez bonne représentation de ce second couple divin.
Le monde des dieux et celui des hommes ne sont pas les deux seuls existants, puisque le royaume des mers et le royaume des enfers doivent être ajoutés à la liste. Le premier est dirigé par un roi des océans, vivant dans les profondeurs, et dont l’attribut est généralement un trident. Il est Aegir chez les Scandinaves ou encore Poséidon chez les Grecs. Le second est dirigé par un dieu des enfers, connu pour se rendre invisible aux yeux des mortels, dieu qui est également le maître des pierres précieuses et métaux rares contenu dans le sol, et qui dans le monde indo-européen est assisté d’une épouse et surtout d’un gardien de ses portes, un chien ou loup monstrueux, *Kerbheros en indo-européen, « le Tacheté ».

A côté de ces divinités principales, toutes les forces de la nature, ainsi que les astres, sont liés à des divinités spécifiques. Il y a un dieu du soleil et une déesse de la lune, les sexes des deux astres pouvant être intervertis . Il existe en outre un dieu du vent et un dieu du feu et de la forge, et bien d’autres divinités (des fleurs, des forêts, de l’accouchement, de la médecine, de la sagesse… etc.).

Les relations entre les dieux, le monde et les hommes dans le paganisme européen.


Dans le paganisme européen, les dieux et les hommes ont des relations étroites, mais qui ne relèvent pas d’un rapport de domination. Le dieu proche-oriental, déjà à l’époque polythéiste, reste un seigneur, un *ba’alu, à savoir qu’il attend de ses fidèles une totale soumission et un abandon de la raison. En revanche le dieu occidental est davantage un ami, un compagnon, comes en latin, qui peut agir en ami fidèle ou en ennemi s’il s’estime trahi. De la même façon, un mortel peut se sentir plus d’affinités avec tel ou tel dieu, selon son jour de naissance, son signe astrologique, sa profession, sa situation familiale, sa nature profonde, ses centres d’intérêt, sa situation à un moment donné. Au combat, un païen préférera généralement demander la protection et le salut à des divinités spécifiquement dédiées à la guerre. Le païen qui adorera en priorité une divinité donnée ne reniera pas pour autant les autres, auxquelles il pourra se tourner si besoin est.

Ainsi, contrairement à une théorie tenace, le polythéisme est autant une religion individuelle que collective. Le culte des dieux intervient à tous les niveaux. Il y a d’abord le paganisme personnel de chacun, comme on a pu le voir, puis le paganisme familial, basé avant tout sur le culte des ancêtres, de la déesse du foyer, et éventuellement d’une divinité liée au passé familial, le paganisme de la cité ou de la région, enfin le paganisme de l’Etat, de la nation toute entière. A Rome, Mars et Venus faisaient partie du panthéon familial de la gens Iulia, celle à laquelle appartiendra le dictateur Caius Iulius Caesar, car cette gens ou famille se prétendait descendante d’Iule, petit-fils de Venus, et du roi Ancus Martius, émule de Mars. Mars était également le dieu du peuple romain, puisque le fondateur de Rome, Romulus, était son propre fils. Enfin, Mars était le dieu de l’Italie, car il était à l’honneur chez tous les peuples italiques et pas seulement chez les Romains.

Un des aspects les plus frappants du paganisme c’est le concept de divinité poliade. En effet, dans le monde antique, cités et tribus étaient associés à une divinité en particulier. Chez les Celtes, le dieu tribal était appelé le teutates, « père de la tribu », qui pouvait être n’importe quelle divinité du panthéon. Ainsi le dieu tribal de la cité de Lugudunon (Lyon) était Lugus, dieu du ciel, alors que le dieu tribal du peuple lémovique était Taranus, dieu de l’orage. La géographie était également marquée par le culte rendu aux divinités. Sources, îles et montagnes, fleuves et mers, étaient dédiés aux dieux ; ainsi le futur Mont Saint Michel était dédié au culte du dieu solaire Belenos. Le territoire, villes et campagnes, était parsemé de sanctuaires, de temples, d’autels et de statues cultuelles. Enfin, Athêna était la déesse poliade de la cité grecque portant son nom, et la tradition prétend qu’en 410 elle est apparue en personne pour repousser les Wisigoths d’Alaric qui menaçaient de prendre la ville pourtant en cours de christianisation.

 

Des accusations mensongères faites contre le paganisme.


Les monothéistes d’hier et d’aujourd’hui ont accusé les païens d’idolâtrie c'est-à-dire de vénération pour des pierres ou pour des statues. On ne peut pas davantage se tromper sur le sens du culte païen. En effet, même si les païens ont souhaité représenter artistiquement les divinités, en bois aussi bien qu’en marbre, et s’ils ont dédié à ces êtres supérieurs des temples, pour eux les dieux ne vivent pas dans ces lieux mais bien au ciel. La statue n’est qu’un objet culturel permettant de faire le lien entre les dieux au ciel et les fidèles sur terre. Les dieux en effet sont reconnaissants à l’égard des hommes lorsque ceux-ci les honorent soit par les arts, soit par les sacrifices.

Une autre accusation mensongère est celle de sacrifice humain. Déjà les Romains avaient accusé d’autres peuples païens de procéder à ce genre de rites, notamment les Celtes. Mais les Romains savaient aussi que l’accusation était non fondée et n’était qu’un argument justifiant la conquête afin de « civiliser les barbares ». La mythologie grecque condamne explicitement le sacrifice humain considéré comme mettant les dieux en colère. Par ailleurs, un élément clé du sacrifice est le partage des viandes entre les hommes et les dieux, or l’anthropophagie était considérée comme aujourd’hui comme un acte infâme. On ne pouvait donc pas sacrifier l’homme comme on le faisait des animaux d’élevage. Et par ailleurs même le sacrifice d’animaux sauvages était rarissime. Le sacrifice du cheval était dans l’ordre hiérarchique celui qui était le plus noble, dédié aux grandes occasions, devant le sacrifice du taureau. Le sacrifice du porc était en revanche le moins noble, concernant les mammifères car il primait sur le sacrifice de volailles. Enfin, le sacrifice du chien était un rite guerrier très rare, car l’animal était apprécié pour sa fidélité et son courage.

En revanche, les peuples païens pratiquaient la peine de mort et n’avaient pas toujours du respect pour les étrangers issus de peuples ennemis. Le fait est qu’à cette époque, religion et politique étant indissociables, on associait les divinités à l’application des peines. Ainsi, César fit-il mettre à mort deux citoyens qui fomentaient une révolte populaire en invoquant le dieu Mars et de même Auguste fit exécuter des dizaines de sénateurs ayant participé à l’assassinat de César en dédiant leur mort à Mars Vengeur. Les condamnés à mort, criminels ou prisonniers de guerre, chez les Celtes, étaient tués en présence des druides et selon des rites liés aux actes commis et aux divinités offensées. On ne saurait confondre la peine de mort et un sacrifice humain, car sinon l’exécution d’un criminel en présence d’un curé serait alors un sacrifice humain chrétien.

Enfin, les chrétiens accusaient les païens de pratiquer une religion immorale incitant à la débauche. En premier lieu, les dieux représentaient pour les polythéistes des modèles à imiter, et la morale païenne ne rejetait pas le corps ni la sensualité, à la différence du puritanisme juif puis chrétien. Mais il est vrai que dans la mythologie grecque en particulier, la sexualité débridée des dieux et des déesses choquait la morale des monothéistes. En réalité, la mythologie n’était pas la conception religieuse que se faisaient les anciens, mais des récits théologiques. Ainsi, en apparence, Zeus est un polygame qui trompe son épouse. Voici une lecture au premier degré d’un mythe et voilà pourquoi les chrétiens ne comprenaient pas la foi païenne.

En vérité, les différentes épouses de Zeus ne sont que les différents aspects de la déesse de la terre, sa seule épouse. Hêra, Lêtô, Dêmêtêr, Danaê et Sêmêlê incarnaient la Terre au sens strict, de par leur étymologie, alors que Mêtis représentait la prudence de la déesse chtonienne, et que Dionê, signifiant « celle de Zeus », rappelait sa condition d’épouse du dieu du ciel. De même dans le culte, Arês et Aphrodite, présentés comme frère et sœur dans l’Iliade et comme amants dans l’Odyssée, étaient considérés comme époux et honorés comme tels. Les rivalités entre Athêna et Arês dans la mythologie n’empêchaient pas ces deux divinités d’être honorées ensemble à Athènes, où un temple d’Arês contenait la statue du dieu et celle d’une Athêna Areia, « aréenne ». Aussi, la morale populaire ne différait pas de la morale divine, même si comme dans toute société il y avait des écarts de conduite et qu’aucune civilisation n’est protégée contre les germes de la décadence.

On oubliera ainsi que l’empereur Auguste avait revalorisé le mariage et condamné l’homosexualité, qu’il avait interdit les cultes étrangers au cœur de la cité, méprisant profondément la religion des Egyptiens, ce dont Virgile témoigne en opposant les dieux anthropomorphes de l’Europe, dieux civilisés, aux dieux zoomorphes qu’honorait Cléopâtre, dieux barbares, qu’il avait reconstruit plus de quatre-vingt temples qui tombaient en ruine, qu’il a refusé toute sa vie d’être honoré comme un dieu, rejetant une telle hybris. Le rejet de l’hybris ou démesure était une des valeurs fondamentales du paganisme européen. Cette humilité de base qui consistait à conserver dans l’esprit sa condition de mortel, à se soumettre au destin, et à respecter les dieux en ne se considérant jamais comme l’un d’entre eux, démontre que le culte impérial par exemple n’était pas conforme au génie païen mais était une grave dérive. Ceci étant dit, les empereurs divinités étaient appelés des divi, des « divins » et non des dei, des dieux. Ils faisaient plutôt partie des héros, qui à l’instar d’Héraclès, méritaient de recevoir des hommages. Les héros étaient des protégés des dieux, des fils des dieux parfois, mais jamais des dieux eux-mêmes.

Enfin, il convient de souligner que contrairement aux mythes propagés par les chrétiens, le paganisme traitait indifféremment les hommes et les femmes. Sur l’Olympe, les dieux principaux étaient six dieux et six déesses, selon une parfaite parité, et le pouvoir de ces déesses n’était en rien inférieur à celui des divinités mâles. Dans la société aussi, à Rome comme chez les Celtes et les Germains, la femme était l’égale de l’homme, elle avait ainsi autant le droit de divorcer que lui. Beaucoup de pays du XXème siècle n’autorisent pas un tel droit. Ce n’est pas le paganisme qui a présenté la femme comme tentatrice ou encore comme responsable de la déchéance de l’homme (pêché originel). Ce n’est pas le paganisme qui a introduit la notion si choquante de « pêché de chair ». Comment en effet pourrait-on salir l’acte par lequel on doit l’existence. Les païens présentaient cet acte comme naturel et même sacré, patronné à Rome par la déesse Venus ou par l’habile archer, Cupidon.

Lors du mariage, à Rome, l’homme disait ainsi « je suis Gaius et tu es Gaia » et il ajoutait, comme en Inde, « je suis le ciel et tu es la terre ». En effet, l’union de deux êtres de sexe différent s’apparentait à une hiérogamie, un « mariage sacré » et rappelait au souvenir de l’assemblée réunie l’union du dieu du ciel et de la déesse de la terre et la création de l’univers. Dans certaines philosophies grecques, Erôs ou « Amour » était même le premier dieu.

Du « paganisme » monothéiste.

A la fin de l’empire romain, le paganisme dans cette partie de l’Europe connut une évolution surprenante, à savoir le renoncement progressif au polythéisme. Cela s’explique par une rupture dans l’idéologie politique dominante. Tant que la société correspondait aux canons d’une république, donc d’une polyarchie (pouvoir partagé entre de multiples dirigeants), le polythéisme accompagnait naturellement la vision dominante chez les citoyens. Du jour où le citoyen cesse de l’être et devient un sujet, et que l’empereur cesse d’être le premier des citoyens (« princeps ») pour devenir un seigneur (« dominus »), alors que le christianisme, certes marginal, semble progresser au sein de certaines élites et ambitionne de devenir dès le IIème siècle la religion de l’empereur, ce qui aura lieu sous Constantin, le paganisme officiel évolue. Il tend à devenir monothéiste, avec comme dieu unique Jupiter ou Sol Invictus. On consent parfois à respecter les autres dieux comme aspects de cette divinité unique, de ce Deus universel. Ce monothéisme « païen », essentiellement solaire, facilitera la victoire du christianisme au IVème siècle. L’empereur Julien lui-même n’aura pas recours au fort polythéisme ancestral pour combattre la religion nouvelle mais a une religion mystique basée sur le culte du seul soleil, que certains historiens appellent « néo-paganisme ».

Dans le monde scandinave, l’existence de multiples dieux, Odin et Thor en tête, fut combattue par des souverains qui voulaient renforcer le pouvoir royal et facilitèrent ainsi l’implantation du christianisme. C’est ainsi que naquit la monarchie de droit divin, le « césaro-papisme », renoncement à la conception républicaine et « libérale » de l’ancienne Europe. Le *regs indo-européen était une forme de président de la république élu par l’assemblée du peuple. Le rex chrétien est un souverain absolu. Le *regs était citoyen parmi les citoyens, le rex est au-dessus de tous, un être supérieur, représentant de Dieu sur terre au même titre que l’évêque de Rome devenu « pape ». N’oublions pas que le phénicien Moloch, nom odieux aux oreilles romaines, signifie « roi ».

Ainsi ce monothéisme « païen » peut être considéré comme une forme de trahison du paganisme, de la même façon que l’abandon de l’esprit républicain était la dimension politique d’une trahison civilisationnelle.

Conclusion : la renaissance païenne.

Un dernier élément caractéristique du paganisme est sa vision cyclique, voire hélicique (en spirale), de l’histoire, contrairement au christianisme qui possède une vision linéaire. Dans la conception cyclique pure, l’histoire est composée de quatre époques symbolisées chacune par un métal spécifique. Dans la conception hélicique, cycle et axe sont fusionnés, l’axe symbolisant l’axe cosmique ou la tradition éternelle, ce qui ne change pas et n’est pas affecté par la rotation.

Ainsi, la notion de « renaissance », qui est quasiment synonyme à celle de « révolution » en astronomie, de palingenesis en grec ancien comme de renouatio en latin, est fondamentalement liée à cette vision cyclique de l’histoire. La « renaissance » du paganisme européen depuis le XVème siècle, paganisme qui sort de la confidentialité seulement à partir de la fin du XXème siècle, n’est donc pas étonnante puisque conforme à la pensée religieuse qui lui est propre. Nous ne sommes aujourd’hui malgré tout qu’au début d’un processus de repaganisation de l’Europe, processus encore désorganisé et confus, ce qui sera le cas tant qu’un clergé organisé ne sera pas apparu et tant que les pouvoirs publics n’auront pas joué leur rôle. Ainsi les Romains païens de l’antiquité n’oubliaient pas que leurs institutions religieuses étaient nées autant de la volonté des hommes illustres, les rois Romulus et Numa Pompilius en tête, que des divinités.

Cet article, forcément trop court, répond à la nécessité d’avoir une vision plus précise de ce qu’est en vérité le paganisme ou polythéisme européen, et s’efforce de donner quelques clés destinées à permettre de répondre aux contre-vérités, historiographiques aussi bien que religieuses, propagées depuis des siècles sur cette noble religion de nos ancêtres, religion indigène de l’Europe.


Thomas FERRIER

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- commentaires sur la terminologie -

Le terme français « paganisme » provient du latin paganismus, on l’a vu, et c’est ce terme qui a été retenu et adapté dans les pays de langue romane et/ou catholiques. On a ainsi l’italien paganesimo, l’espagnol paganismo, l’anglais paganism, mais aussi le polonais poganstwo, le lituanien poganys, l’albanais paganizmi, le gaélique paganaith et dans un certain nombre d’autres pays (Portugal, Lettonie, Estonie, Finlande, Hongrie, Tchéquie, Slovénie). Plus surprenant ce terme est également en usage en Serbie et en Belarus orthodoxes et même en Turquie musulmane.

Les peuples germaniques préfèrent se référer à la racine heid-, qui désigne la lande, l’espace non maîtrisé par l’homme, et que l’on retrouve ainsi dans l’anglais heathenism, dans l’allemand Heidentum, le néerlandais heidendom, le suédois hedendom, le danois hedenskob notamment.

Les peuples slaves se réfèrent plutôt à la racine yazik- qui désigne la langue. Ainsi a-t-on язычество en russe, et on retrouve des termes analogues en bulgare ou en ukrainien.

Enfin, en grec, le terme pour désigne le paganisme a évolué historiquement. Ainsi était-il ελληνίσμος, « hellénisme », puis εθνίσμος, « nationalisme » [ce qui correspond bien à une religion nationale par essence], enfin παγανίσμος en grec moderne, décalque du terme latin.



07/01/2014
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