Phénomène Cathare
Phénomène Cathare
« Va mon enfant, dans la forêt où tu n’entendras plus vibrer la parole humaine. Instruits toi avec le hurlement des loups, le craquement des branches, le bruit des eaux sur les galets. Car la parole vivante naît du silence de l’homme. Ceux qui comme toi sont marqués pour perpétuer la vérité à l’aide des mots qui s’envolent, doivent préparer dans la solitude la naissance du verbe » Maurice MAGRE (Le sang de Toulouse)
On n’étouffe pas la vérité sous le poids des persécutions entreprises au nom de vérités particulières liées aux intérêts matériels
Si on peut supprimer le porteur de vérité on ne peut s’affranchir de celle-ci
Des rites archaïques ; une spiritualité nouvelle
Deux ouvrages : Le livre des deux principes, la cène secrète
Le réel est le fruit des deux éléments ennemis
Dans les revêtus, les Parfaits, on vénérait ceux qui avaient déjà rencontré leur Esprit et qui formaient un Ordre d’initiés dont les règles de vie ascétiques étaient évidemment sévères mais ne s’imposaient nullement aux fidèles (les croyants). Ceux-ci avaient l’assurance de disposer de vies successives pendant lesquelles la purification et le perfectionnement restaient possibles. Et cette notion d’un développement intérieur graduel effectué au prix d’un effort personnel devenait le fondement efficace d’une conduite morale et sociale plus humaine et plus pure. Il n’était pas besoin de faire hâtivement son salut au cours de la vie présente, en se retirant dans des couvents isolés du monde pour y « châtier la chair » ; il fallait au contraire enrichir ses expériences en participant à la vie quotidienne, travailler pour gagner sa vie, instruire les autres, les secourir, les aider, supporter avec tolérance et une patience bienveillante leurs imperfections ; toutes vertus humaines qui leur ont valu le surnom de Bonshommes
Les derniers Cathares n’avaient pas d’édifices spécialement destiné au culte, dans le Languedoc. Ils accomplissaient leurs rites et faisaient leurs prédications dans n’importe quel endroit, surtout dans les maisons des croyants qui leur donnaient asile et où se réunissaient les fidèles. Ils blâmaient l’Eglise romaine qui construit, pour y célébrer sa liturgie, des monuments splendides et couteux. Elle a beau les consacrer, ils ne méritent pas plus de respect que les bâtisses ordinaires. La véritable église, dit Bélibaste, est le cœur de l’homme, temple de l’Esprit saint ; et la maison de la prière est tout endroit où l’on peut se recueillir
Deux entrées :
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Hérésie
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Civilisation originale
Si l’hérésie s’est développée avec succès dans différents pays d’Europe mais le catharisme en tant qu’expression spirituelle d’une civilisation spécifique avec sa culture, ses mœurs, ses lois s’est épanouie dans l’Occitanie du XIIème siècle.
« Dans le Midi de la France, la doctrine et le mode de vie cathares, ont traduit l’âme, la sensibilité profonde de tout un peuple. Ce fut le produit spontané, naturel, d’une certaine manière de voir et se ressentir le monde, propre à cette société occitane de ce qu’on pouvait appeler la société française et qui ne concernait que le nord du pays » René NELLY
Nul n’est censé ignorer la Loi-re
Le catharisme n’est pas une déviation ou un branche hérétique du christianisme comme le sera plus tard le protestantisme ; il procède d’une conception du monde, d’une démarche spirituelle et intellectuelle complètement opposée à celle du christianisme traditionnel
Pour qu’une religion originale se soit ainsi formée, il fallait qu’il y ait un terrain social favorable, une civilisation originale.
Les cathares prêchaient dans les châteaux cherchant la conversion des nobles et non du peuple
Les seigneurs occitans voyaient dans le catharisme un moyen de s’affranchir de la tyrannie de Rome
Leurs femmes semblaient dans l’ensemble plus attachées à l’hérésie, parce qu’elles sentaient confusément que celle-ci tendait à donner plus de liberté et de dignité à tout leur genre
Toutes les sociétés inégalitaires ont été hostiles à l’émancipation de la femme
Le catharisme peut être considéré comme une gnose puisqu’il prétend libérer les âmes par une connaissance totale (celle du Bien et du Mal) ; et puis le catharisme a développé un contenu ésotérique, face au formules traditionnelles du christianisme (commentaires du Pater)
Il y a d’incontestables similitudes entre la doctrine proposée par Mani quand à la création du Mal et le point de vue cathare mais cette rencontre idéologique ne suffit pas à prouver que le catharisme procède directement du manichéisme
Bonhommes et Troubadours ont vécu cote à cote pendant plus de deux siècles dans les mêmes régions occitanes notamment les comtés de Toulouse et de Foix et le vicomté de Carcassonne
Leurs intérêts se confondaient souvent car ayant les mêmes protecteurs. Leurs conceptions ou idéologies bien que très opposées dans le fond présentent cependant des points de convergences (notamment concernant le lien du mariage)
L’intention des troubadours était de purifier l’amour de tout ce qu’il n’était pas par nature et non pas comme les platoniciens de le détacher complètement de la sexualité
Les troubadours tenaient l’amour conjugal comme vénal utilitaire et situaient souvent le véritable amour hors des liens du mariage. Ils croyaient sans nul doute que toute union fondés sur l’intérêt et la soumission forcée de la femme au mari ne pouvait s’accorder avec leur vision de l’amour cordial
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Cordial : « qui vient du cœur, qui est particulièrement sincère ; qui vient du plus profond de soi-même »
Les Bonhommes revêtus qui rejetaient le mariage et le « commerce charnel » pour eux même le toléraient chez les croyants. Toutefois ils le discréditaient ainsi que les troubadours mais pour d’autres raisons.
Deux visions subversives qui s’accordent par circonstances et non dogmatisme mais un même phénomène social pour deux doctrines « le fin amor » et le catharisme tendaient à libérer la femme en neutralisant la notion de péché charnel
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L’amour n’est pas péché mais vertu disent les troubadours
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Il est toujours péché disent les Bonhommes mais pas pour les simples croyants
Ainsi libertinage d’un coté et abstinence ascétique de l’autre deviennent deux outils d’émancipation de la femme
Les Bonhommes professaient qu’il n’y a pas de scission entre l’Esprit (AWEN) , le monde spirituel divin et le monde humain. L’homme possède outre son corps et son âme, un esprit, c'est-à-dire un élément provenant de ce mode divin, fondement même de son individualité, de son développement personnel, de son éternité. Placé dans un monde terrestre déchu, il pouvait « faire son salut » par ses propres moyens et, en premier lieu, par une connaissance de ce monde divin et une purification de ses attaches matérielles, qui lui rendaient possible le contact avec le monde divin ; celui-ci s’établissant par l’intermédiaire du « Maître intérieur » qui n’est autre que son Moi éternel dont le moi temporel n’est qu’un reflet adapté à la vie terrestre
Les manichéens disaient déjà que l’Homme universel était descendu en ce monde pour contribuer à son évolution, de sorte que cette descente nécessaire n’était pas un péché originel tel qu’il est décrit par le mythe connu. Il s’agit dès lors pour l’homme, comme le montre dans la spiritualité moderne, de collaborer à cette évolution du monde grâce aux forces qui surgissent des profondeurs de son âme. …On ne pénètre à l’intérieur des êtres que par l’amour et c’est ainsi seulement qu’on peut avoir accès au domaine des forces vivantes et les voir, s’élever au niveau des âmes et les entendre, parvenir à l’intuition des individualités humaines. C'est-à-dire qu’en nous dégageant des choses extérieures, en nous purifiant nous retrouverons la voie de la communion avec la Tout et l’Un. Faisons le dans la conviction profonde que seul un amour spirituel nous donnera peu à peu une vraie connaissance de nous même et du monde
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